Lettre syndicale pour la sauvegarde des Jardins d’Utopie

Grenoble, le 17 décembre 2021

    A l’attention de :
    Monsieur le Président de l’université Grenoble Alpes
    CS 40700
    38058 Grenoble Cédex 09

Monsieur le Président,

Conformément au courrier en date du 29 novembre 2021, placardé début décembre sur les Jardins d’utopie, les signataires vous adressent cette requête argumentée pour s’opposer à la destruction des jardins annoncée pour le 5 janvier. Le courrier de l’administration ne fournit quant à lui aucun autre argument que le « pouvoir de police de conservation » et la « destination du lieu, à savoir une pelouse de détente », pour justifier cette destruction. En revanche, les arguments contraires ne manquent pas :

Ce lieu est un morceau de la mémoire estudiantine grenobloise. Créé en 2006, dans le sillage des luttes contre le Contrat Première Embauche (CPE), il a depuis régulièrement permis à des étudiant·es de se réunir pour cultiver le jardin, discuter et se former mutuellement.

Répondant à la vocation pédagogique et culturelle de l’université, le jardin a aussi servi à organiser des formations, des rencontres-débats et est régulièrement sollicité dans le cadre d’enseignements portant sur l’écologie, les communs, les nouvelles pratiques urbaines, etc. Loin d’être un ilot isolé, c’est au contraire le lieu d’échanges actifs qui participent pleinement à la vie de la communauté universitaire.

Il paraît particulièrement malvenu d’annoncer la destruction de ces jardins à la veille des congés de fin d’année, alors que les étudiant·es et les personnels sont absent·es, et après plus de deux années où la vie collective a été mise à mal par l’épidémie, les confinements et la fermeture du campus, qui ont bien sûr eu des conséquences sur la vie et l’entretien des jardins qu’il convient aujourd’hui d’aider à redynamiser.

Alors que la santé physique et mentale des étudiant·es est dangereusement fragilisée par des mois de solitude et que les équipes pédagogiques, confrontées à un absentéisme inédit, à l’augmentation des cas de dépression, à un sentiment de solitude et de perte de sens, ont lancé de multiples alertes, particulièrement depuis cette dernière rentrée, détruire les jardins reviendrait à priver les étudiant·es d’un espace porteur de leur histoire, conçu par eux et leur permettant de renouer avec des activités collectives.

Ajoutons que les personnels et usagers de l’université n’ont jamais été consultés sur « la destination des lieux » ni sur aucune des mesures d’aménagement des espaces du campus. Quelque temps avant l’épidémie, sur cette même esplanade, ils ont assisté à la destruction de plusieurs bosquets et au remplacement des bancs par de gros galets au design censément original mais inconfortables et intransportables. Aucun des aménagements des espaces n’a tenu compte de l’usage.

Les jardins d’utopie ne sont pas qu’une alternative à « une pelouse de détente » dont l’université ne manque par ailleurs pas. Ils sont un lieu de convivialité, d’invention, d’apprentissage de l’autonomie, pratiques qui répondent à la vocation d’une université. Comme le soulignait la lettre de soutien du département de philosophie lors d’une précédente menace de destruction en 2013, « les Jardins d’Utopie symbolisent, au sein de notre université, le souci de l’aménagement d’un monde humainement habitable qui ne se réduit ni à la maîtrise technique ni à l’enjolivement de carte postale, la réappropriation de l’espace public par les citoyens, et l’imagination collective d’alternatives intellectuelles, socio-économiques et démocratiques qui cultivent le sens du possible, de “ce qui pourrait avoir lieu demain” ». Cette analyse, que nous joignons à notre courrier car nous la partageons, est plus que jamais d’actualité, de même que ce que symbolisent ces jardins pour la communauté universitaire que nous voulons.

Les signataires de cette lettre prennent donc position pour la préservation des Jardins d’utopie. Ils et elles demandent l’abandon du projet de destruction et la mise en œuvre des démarches suivantes :

  • une enquête d’usage sur les espaces communs auprès des personnels et auprès des usagers ;
  • que contact soit pris avec les étudiant·es qui interviennent au jardin pour envisager avec eux un accompagnement permettant au jardin de retrouver sa pleine activité et sa sérénité.

Signatures:

FSU Campus
Sud Education 38
Génération Précarité
CGT Université de Grenoble
SEVE – Savoirs Émancipation Vie Etudiante
Union des Étudiant-es de Grenoble

Semis de petits pois sortant de l’hibernation

Collage sur la Présidence

LETTRE OUVERTE DU COMITÉ DE SOUTIEN DES JARDINS D’UTOPIE AU PRÉSIDENT DE L’UGA

10/12/2021, Grenoble

Objet : Opposition au projet de « nettoyage et entretien » des Jardins d’Utopie

Monsieur le président 

Nous vous faisons une lettre 

Que vous lirez peut-être 

Si vous avez le temps. 

Ce courrier fait suite à la lettre adressée aux Jardins d’Utopie le 29 novembre. Nous nous opposons fermement au projet de « pelouse de détente » que vous souhaitez réaliser dans cet espace. 

En effet, nous voyons ce lieu comme un espace préservé qu’il convient de sauvegarder. D’autant plus que depuis cet été 2021, le campus a été reconnuRefuge LPO Collectivité, classement dontle principe premier est de « créer des conditions propices à l’installation de la faune et de la flore ». Les Jardins d’Utopie remplissent depuis 15 ans cette mission. Le remplacement de ces jardins entraînerait la disparition de dizaines d’oiseaux et de petits mammifères (hérissons…) qu’abrite cet espace.

Par ailleurs, la destruction des jardins s’inscrit dans une entreprise d’artificialisation du domaine universitaire dommageable tant pour les étudiant-e-s et promeneur-ses que pour la faune et la flore : les espaces naturels sont bétonnés, les arbres sont coupés (trente marronniers abattus à côté de l’IAE, 5 arbres vénérables à l’entrée-est du campus, etc.), les buissons sont rasés, une parcelle potagère a été détruite pour l’extension de l’IEP, les terrains vagues sont supprimés éliminés… Bref, nous ne manquons pas d’exemples dont les étudiant-e-s pourraient témoigner. Cette avancée est à mettre en lien avec la construction d’un centre commercial sur la friche Neyrpic, ou tout du moins, il participe de la même logique. La moindre parcelle doit être optimisée et contrôlée.

Les Jardins d’Utopie sont un espace indépendant qui permet l’auto-organisation et l’émancipation des étudiant-e-s. Cela s’inscrit dans la droite ligne d’une université ouverte et critique. Cela fait 15 ans que ces jardins vivent et se renouvellent sans aucune intervention de votre part. C’est la preuve que notre organisation fonctionne. Encore cette année, nous avons récolté des pommes de terre et des topinambours, ainsi que des herbes aromatiques. Les fruits rouges sont également abondants ; soyez-en certain-e-s. Par ailleurs, la caravane que vous souhaitez détruire est un lieu de convivialité en ces temps moroses : elle distribue café, thé et chaleur humaine sans logique marchande. Et que dire des cantines étudiantes, qui nourrissent de nombreux-ses étudiant-e-s chaque lundi ? Cela ne peut que réjouir une présidence soucieuse du bien-être de ses étudiant-e-s.

Si pour vous, cette parcelle est destinée à être une pelouse de détente, nous défendons au contraire une autre idée et une autre histoire de ces lieux : avant l’implantation du campus, ces terres étaient des jardins ouvriers. En 2006, des étudiant-e-s utopistes et audacieux-ses leur ont redonné vie en créant un lieu autogéré et potager. Nous espérons qu’il le restera longtemps.

Il est clair que votre soudaine annonce placardée sur la caravane des jardins a été prise par ses utilisateurs-rices comme un piège, ne leur laissant que très peu de temps pour se retourner. Or comme vous le savez probablement, un jardin en hiver est en effet peu actif, donc peu engageant (mais néanmoins plus qu’une pelouse mouillée en hiver !). Nous prévoyons non seulement d’entretenir nous-mêmes les Jardins d’Utopie, mais également de mettre en place un plan de bouturage et de plantation, afin de riposter aux éventuels levers de pelle des bulldozers.

Si vous nous poursuivez,

Prévenez vos vigiles

Que nous aurons des pelles

Et que nous savons planter.

Les membres du Comité de soutien des Jardins d’Utopie

Premiers soutiens collectifs : Librairie bibliothèque associative Antigone ; Université Autogérée ; Centre social le 38 ; Atelier Fluo ; Le chantier (jardins associatif à Fontaine); Jardinons nos toits;

 

 

 

 

Ce Lundi 13 Décembre, toute la matinée vous pouvez nous faire parvenir vos lettres en main propre de soutien aux jardins d’utopie, au niveau du local du P’tit vélo au 921 rue des Résidences Campus et surtout vers les 11h vous pouvez manger avec la cantine étudiante La Tambrouille, elle aura lieu dans un lieu chauffé et acceuillant. Le comité de soutien aux Jardins d’Utopie sera présent.

Vous pouvez aussi écrire à la présidence qui nous a écrit : « Toute personne souhaitant s’opposer à cette action (de destruction des JU) est priée d’adresser sa requête dument motivée à Monsieur le Président de l’Université Grenoble Alpes, CS 40700 – 38058 Grenoble cedex 09 avant le 5 janvier« .

Vous pouvez aussi nous envoyer vos lettres de soutien par mail à jardins-utopie@riseup.net, on se fera un plaisir de les transmettre à la présidence.

on se laissera pas faire
Riposte pirate et potagère !

les JU.

  • Lettre syndicale de soutien aux Jardins d’Utopie

        Grenoble, le 17 décembre 2021
    
        A l’attention de :
        Monsieur le Président de l’université Grenoble Alpes
        CS 40700
        38058 Grenoble Cédex 09
    

    Monsieur le Président,

    Conformément au courrier en date du 29 novembre 2021, placardé début décembre sur les Jardins d’utopie, les signataires vous adressent cette requête argumentée pour s’opposer à la destruction des jardins annoncée pour le 5 janvier. Le courrier de l’administration ne fournit quant à lui aucun autre argument que le « pouvoir de police de conservation » et la « destination du lieu, à savoir une pelouse de détente », pour justifier cette destruction. En revanche, les arguments contraires ne manquent pas :

    Ce lieu est un morceau de la mémoire estudiantine grenobloise. Créé en 2006, dans le sillage des luttes contre le Contrat Première Embauche (CPE), il a depuis régulièrement permis à des étudiant·es de se réunir pour cultiver le jardin, discuter et se former mutuellement.

    Répondant à la vocation pédagogique et culturelle de l’université, le jardin a aussi servi à organiser des formations, des rencontres-débats et est régulièrement sollicité dans le cadre d’enseignements portant sur l’écologie, les communs, les nouvelles pratiques urbaines, etc. Loin d’être un ilot isolé, c’est au contraire le lieu d’échanges actifs qui participent pleinement à la vie de la communauté universitaire.

    Il paraît particulièrement malvenu d’annoncer la destruction de ces jardins à la veille des congés de fin d’année, alors que les étudiant·es et les personnels sont absent·es, et après plus de deux années où la vie collective a été mise à mal par l’épidémie, les confinements et la fermeture du campus, qui ont bien sûr eu des conséquences sur la vie et l’entretien des jardins qu’il convient aujourd’hui d’aider à redynamiser.

    Alors que la santé physique et mentale des étudiant·es est dangereusement fragilisée par des mois de solitude et que les équipes pédagogiques, confrontées à un absentéisme inédit, à l’augmentation des cas de dépression, à un sentiment de solitude et de perte de sens, ont lancé de multiples alertes, particulièrement depuis cette dernière rentrée, détruire les jardins reviendrait à priver les étudiant·es d’un espace porteur de leur histoire, conçu par eux et leur permettant de renouer avec des activités collectives.

    Ajoutons que les personnels et usagers de l’université n’ont jamais été consultés sur « la destination des lieux » ni sur aucune des mesures d’aménagement des espaces du campus. Quelque temps avant l’épidémie, sur cette même esplanade, ils ont assisté à la destruction de plusieurs bosquets et au remplacement des bancs par de gros galets au design censément original mais inconfortables et intransportables. Aucun des aménagements des espaces n’a tenu compte de l’usage.

    Les jardins d’utopie ne sont pas qu’une alternative à « une pelouse de détente » dont l’université ne manque par ailleurs pas. Ils sont un lieu de convivialité, d’invention, d’apprentissage de l’autonomie, pratiques qui répondent à la vocation d’une université. Comme le soulignait la lettre de soutien du département de philosophie lors d’une précédente menace de destruction en 2013, « les Jardins d’Utopie symbolisent, au sein de notre université, le souci de l’aménagement d’un monde humainement habitable qui ne se réduit ni à la maîtrise technique ni à l’enjolivement de carte postale, la réappropriation de l’espace public par les citoyens, et l’imagination collective d’alternatives intellectuelles, socio-économiques et démocratiques qui cultivent le sens du possible, de “ce qui pourrait avoir lieu demain” ». Cette analyse, que nous joignons à notre courrier car nous la partageons, est plus que jamais d’actualité, de même que ce que symbolisent ces jardins pour la communauté universitaire que nous voulons.

    Les signataires de cette lettre prennent donc position pour la préservation des Jardins d’utopie. Ils et elles demandent l’abandon du projet de destruction et la mise en œuvre des démarches suivantes :

    • une enquête d’usage sur les espaces communs auprès des personnels et auprès des usagers ;
    • que contact soit pris avec les étudiant·es qui interviennent au jardin pour envisager avec eux un accompagnement permettant au jardin de retrouver sa pleine activité et sa sérénité.

    Signatures:

    FSU Campus
    Sud Education 38
    Génération Précarité
    CGT Université de Grenoble
    SEVE – Savoirs Émancipation Vie Etudiante
    Union des Étudiant•es de Grenoble

    Semis de petits pois sortant de l’hibernation

    Petit collage d’affiche en soutien aux Jardins sur le bâtiment de la présidence

  • 13.12 – remise de la lettre de défense des Jardins d’Utopie

    Une quarantaine de personnes, membres du Comité de soutien des Jardins d’Utopie et de la cantine de la Tambrouille sont allées remettre ce lundi 13.12 à midi la lettre de soutien aux jardins (ci dessous) contre une menace d’expulsion en janvier, ainsi qu’une pétition, dans les bureaux de la présidence de l’UGA.

    Le président Yassine Lakhnech n’étant d’abord « pas là », nous nous sommes installé.es dans le bâtiment pour l’attendre en mangeant un repas chaud préparé par la cantine, et en chantant pour le faire venir sur l’air du déserteur de Boris Vian (voir en pj). Nous avons aussi accroché une banderole tout en lançant quelques slogans : « Jardins partout, pelouse nulle part » / « Lakhnech, descends ! »/ « olélé olala contre les pelouses détentes, on est toujours là ».

    Vers 13h30, un de ses « collaborateurs » nous indique que le président est finalement là et disponible pour nous recevoir, nous avons alors voulu le rencontrer, mais en avons été empêché.es. Entre des agents de sécu venus « sécuriser » les couloirs vides, des salarié.es excédé.es par le bruit, une partie d’entre nous a réussi, à coups de joyeux chahutages, percussions, cris et diversions dans les escaliers, à atteindre l’entrée du bureau, non sans quelques déboires, gestes violents et discours autoritaires et paternalistes de la part de nos hôtes.

    En peu de temps, nous sommes donc passé.es de : « le président n’est pas là » à « il est en réunion il ne peut pas vous accueillir », puis « il veut bien recevoir une délégation de 3 personnes et les soutiens sortent », à enfin « 3 personnes peuvent rester dans le couloir à l’étage mais les autres descendent » puis finalement non (et ils ont eu le culot de nous demander de la cohérence)… Comme quoi le dérangement fait réagir !

    Finalement, une bonne partie d’entre nous en a eu marre qu’on nous prenne pour des poires, et les « conditions » aléatoires et variables n’étant pas réunies, le RDV n’a pas eu lieu et nous avons préféré partir, retrouver les jardins plutôt que de rester dans ce bloc de béton et de mépris.

    Mais la lettre a été remise, et nous ne disons pas notre dernier mot, loin de là.

    RIPOSTE PIRATE ET POTAGERE ! S’iels veulent de la détente, nous mettrons des tentes !

    Continuons à défendre les Jardins, encore plus nombreux.ses et déterminé.es. On se donne rdv lundi prochain à 11h ! (au local du P’tit vélo)
    Celleux qui le veulent, n’hésitez pas à ramener sécateurs, cisailles, serpes italiennes ou autres pour entretenir un peu le jardin dans l’aprèm si le coeur vous en dit ! Un sécateur et une serpette sont déjà au p’tit vélo.

    En attendant vous pouvez aussi écrire plein de lettres « dûment motivées » contestant la destruction des Jardins d’Utopie, avant la fin de l’année à :
    « Monsieur le président de l’UGA
    CS 40700 – 38078 Grenoble cedex 09″

    Les JU
    https://jardinsutopie.wordpress.com
    jardins-utopie@riseup.net

  • bonne journée pour les Jardins

    Ce Lundi 13 Décembre (13/12) le comité de soutien des JU et la cantine étudiante sont allé amener la lettre de soutien ainsi que la pétition à la présidence.

    La soupe était bonne, mais on a pas trouvé les vieux croutons. Malgré leurs salades sur le fait que le président n’était pas là. Voilà ti pas qu’il pointe sa tête telle la reine d’Angleterre du haut de sa terrasse, nous faisant signe de monter. Mais la route est longue jusqu’au palais, et des vigiles nous l’ont barré sur le chemin. Après moult tergiversations nous avons décidé de partir au slogan « Jardins Partout, pelouse nulle part ». On a qu’en même pu lui faire parvenir les pétitions et la lettre de soutien. Dans l’après-midi on a nettoyé les jardins. Et la semaine pro on fera session taillage des arbres et de la vigne

    On lâche rien, on vous tiens au jus.

    Petit bonus tracks:

    Chanson de Boris Vian « Le déserteur »

    changée en « les planteurs-euses »

    Banderole sur la caravane  et dans le bâtiment de la présidence

    Monsieur le président

    Nous vous faisons une lettre

    Que vous lirez peut-être

    Si vous avez le temps.

    Nous venons de recevoir

    Un papier autoritaire

    Pour raser toutes nos terres

    Avant le 5 janvier.

    Monsieur le président

    Nous n’pouvons pas y croire

    Nous n’voulons pas le voir

    Vous allez tout raser !

    C’est pas pour vous fâcher,

    Il faut que l’on vous dise,

    Notre décision est prise,

    Nous allons résister.

    Depuis qu’les jardins sont nés,

    Ils ont vu pousser patates

    Ils ont vu pousser tomates

    Et un bon gros verger

    Y’a eu plein de concerts

    Y’a eu même un compost

    Qui aime bien les vers

    Il aimera vos papiers.

    Depuis qu’suis jardinier-ere,

    J’me suis émancipé-e,

    J’me suis bien cultivé-e

    Et tout peut arriver.

    Demain de bon matin

    Nous irons vous chercher

    Au nez des portes closes

    Pour vous voir stupéfait.

    Si c’est votre décision

    D’propager la misère

    D’la p’louse et du béton

    Ben nous dirons aux gens :

    « Refusez d’obéir,

    Refusez leur pognon

    Allez prendre d’autres terres,

    La terre elle est à tous-tes»

    S’il faut donner d’l’argent,

    Allez donner le vôtre,

    Vous êtes bon apôtre

    Monsieur le président.

    Si vous nous poursuivez,

    Prévenez vos gendarmes

    Que nous aurons des pelles

    Et que nous savons planter.

  • Lettre de soutien aux Jardins d’Utopie

    LETTRE OUVERTE DU COMITÉ DE SOUTIEN DES JARDINS D’UTOPIE AU PRÉSIDENT DE L’UGA

    10/12/2021, Grenoble

    Objet : Opposition au projet de « nettoyage et entretien » des Jardins d’Utopie

    Monsieur le président 

    Nous vous faisons une lettre 

    Que vous lirez peut-être 

    Si vous avez le temps. 

    Ce courrier fait suite à la lettre adressée aux Jardins d’Utopie le 29 novembre. Nous nous opposons fermement au projet de « pelouse de détente » que vous souhaitez réaliser dans cet espace. 

    En effet, nous voyons ce lieu comme un espace préservé qu’il convient de sauvegarder. D’autant plus que depuis cet été 2021, le campus a été reconnuRefuge LPO Collectivité, classement dontle principe premier est de « créer des conditions propices à l’installation de la faune et de la flore ». Les Jardins d’Utopie remplissent depuis 15 ans cette mission. Le remplacement de ces jardins entraînerait la disparition de dizaines d’oiseaux et de petits mammifères (hérissons…) qu’abrite cet espace.

    Par ailleurs, la destruction des jardins s’inscrit dans une entreprise d’artificialisation du domaine universitaire dommageable tant pour les étudiant-e-s et promeneur-ses que pour la faune et la flore : les espaces naturels sont bétonnés, les arbres sont coupés (trente marronniers abattus à côté de l’IAE, 5 arbres vénérables à l’entrée-est du campus, etc.), les buissons sont rasés, une parcelle potagère a été détruite pour l’extension de l’IEP, les terrains vagues sont supprimés éliminés… Bref, nous ne manquons pas d’exemples dont les étudiant-e-s pourraient témoigner. Cette avancée est à mettre en lien avec la construction d’un centre commercial sur la friche Neyrpic, ou tout du moins, il participe de la même logique. La moindre parcelle doit être optimisée et contrôlée.

    Les Jardins d’Utopie sont un espace indépendant qui permet l’auto-organisation et l’émancipation des étudiant-e-s. Cela s’inscrit dans la droite ligne d’une université ouverte et critique. Cela fait 15 ans que ces jardins vivent et se renouvellent sans aucune intervention de votre part. C’est la preuve que notre organisation fonctionne. Encore cette année, nous avons récolté des pommes de terre et des topinambours, ainsi que des herbes aromatiques. Les fruits rouges sont également abondants ; soyez-en certain-e-s. Par ailleurs, la caravane que vous souhaitez détruire est un lieu de convivialité en ces temps moroses : elle distribue café, thé et chaleur humaine sans logique marchande. Et que dire des cantines étudiantes, qui nourrissent de nombreux-ses étudiant-e-s chaque lundi ? Cela ne peut que réjouir une présidence soucieuse du bien-être de ses étudiant-e-s.

    Si pour vous, cette parcelle est destinée à être une pelouse de détente, nous défendons au contraire une autre idée et une autre histoire de ces lieux : avant l’implantation du campus, ces terres étaient des jardins ouvriers. En 2006, des étudiant-e-s utopistes et audacieux-ses leur ont redonné vie en créant un lieu autogéré et potager. Nous espérons qu’il le restera longtemps.

    Il est clair que votre soudaine annonce placardée sur la caravane des jardins a été prise par ses utilisateurs-rices comme un piège, ne leur laissant que très peu de temps pour se retourner. Or comme vous le savez probablement, un jardin en hiver est en effet peu actif, donc peu engageant (mais néanmoins plus qu’une pelouse mouillée en hiver !). Nous prévoyons non seulement d’entretenir nous-mêmes les Jardins d’Utopie, mais également de mettre en place un plan de bouturage et de plantation, afin de riposter aux éventuels levers de pelle des bulldozers.

    Si vous nous poursuivez,

    Prévenez vos vigiles

    Que nous aurons des pelles

    Et que nous savons planter.

    Les membres du Comité de soutien des Jardins d’Utopie

    Premiers soutiens collectifs : Librairie bibliothèque associative Antigone ; Université Autogérée ; Centre social le 38 ; Atelier Fluo ; Le chantier (jardins associatif à Fontaine); Cultivons nos toits; Agir Alternatif; Un pTit VéLo dAnS La Tête

  • Les Jardins d’Utopie (encore) menacés.

    Potager squatté depuis 2006, un des derniers acquis de la lutte anti-CPE, les Jardins d’Utopie ont résisté à pas mal de menaces. Ces 15 dernières années il y eu au moins 3 cabanes brûlées, un procès, un rasage sauvage d’une parcelle, plusieurs fois les flics et aussi des campements, des concerts sauvages, des projections, des discussions, des constructions etc. Chacune des menaces étaient des tentatives de normalisation d’un espace qui se positionne en lutte perpétuelle depuis le CPE.
    Par chance et grâce à une défense opiniâtre, ces jardins sont toujours là et accueillent des cantines et des p’tit dej tous les lundis, des personnes à la rue, des fruitiers de toutes sortes et des plantations de légumes, comme une verrue dans la Prépa-Mordor qu’est l’Université Grenoble Alpes (UGA).

    Aujourd’hui les jardins sont de nouveau menacés, et il y a de quoi prendre la menace très au sérieux.
    En effet une lettre datée du 29 Novembre de la présidence de l’UGA exerçant le « service de son pouvoir de police de conservation (lol) » pour « l’évacuation de tout ce qui y est entreposé, notamment les constructions précaires (caravane…) et de tout autre objet et plantation non-conforme à la destination du lieu, à savoir une pelouse de détente ». Comprenez, ils vont envoyer les bulldozers pour détruire toute vie afin de remettre leur béton vert dit « pelouse de détente ».

    Qu’est-ce qui est vert et qui détend ?

    Si nous avons plein d’autres réponses à cette question qu’une « pelouse »… la fac semble oublier que l’hiver est un excellent moment pour remettre en route un jardin qui se serait méchamment fait raser. Préparons nos boutures, gardons des topinambours, differentes graines afin d’ensemencer la révolte.

    Un comité de lutte se forme et tiendra sa première réunion LUNDI 6 DECEMBRE à 14h dans le local de l’Université Autogérée au 921 rue des résidences sur le campus.
    Venez nombreux et nombreuses !

    Préparons la riposte, il n’y a que la lutte qui paye ! Nous avons assez perdu de lieux autogérés et d’émancipation. Nous ne céderons pas aux menaces et propagerons encore d’autres squats de terre ou de bâtiment.

    Si la fac menace, elle sait très bien que la riposte sera Pirate et Potagère !

    Les Jardins d’Utopie
    jardins-utopie@riseup.net